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Regarder en ligne 7 femmes regarder en ligne 2160p

  • Auteur Lydie Salvayre
  • Editeur Librairie Académique Perrin
  • Date de parution 1 janvier 1970
  • 20,6 x 12,2 x 2,6 cm
    ISBN :2262034699

Sept femmes. Sept figures emblématiques de la littérature qui ont follement investi leur vie. Leur relation à l'écriture est passionnelle, et, pour certaines d'entre elles, les a conduit au suicide. Singulières et exigeantes, elles transcendent leur douleur personnelle dans l'oeuvre. Leur rapport au quotidien, qu'elles considèrent médiocre et sans intérêt, est vécu comme tragique. Mais ce "quotidien" n'est-il pas aujourd'hui celui qui a marqué l'Histoire. Celui du Paris d'avant-guerre, des Années folles, de la Russie stalinienne… Comment retranscrire une oeuvre au travers de la vie même de son auteur. Lydie Salvayre s'adonne à cet exercice de portraitiste, comme l'ont déjà magnifiquement réussi Cioran et Sainte-Beuve, en choisissant celles dont la lecture a marqué sa vie et par là-même fécondé son oeuvre. Emily Brönte (1818-1848), Colette (1873-1954), Virginia Woolf (1882-1941), Djuna Barnes (1892-1982), Marina Tsvetaeva (1892-1941), Ingeborg Bachmann (1926-1973) et Sylvia Plath (1932-1963). Dérangeantes, scandaleuses, elles ont témoigné à leur façon du monde dont elles ont autant souffert qu'elles ont contribué à la façonner… Leurs oeuvres sont désormais des monuments littéraires. Lydie Salvayre les fait revivre en écrivant leur histoire, leur beauté, leur démesure, leur rébellion mais aussi leur côté sombre et leur désespérance.

L'avis du elle :

Publié le 18 avril 2013 à 15h59

" Ingeborg Bachmann déteste la littérature lorsque la littérature n'est qu'une parure de cheminée ", écrit Lydie Salvayre. L'auteure de " La Compagnie des spectres " aussi. Elle en fait la preuve par sept, sept écrivaines dont la lecture lui a redonné le goût de l'écriture dans une période sombre où elle l'avait perdu. C'est peut-être pour cette raison que, paradoxalement, cet essai consacré à des femmes si inconsolables et malhabiles dans le métier de vivre est gorgé d'une telle vitalité. Il y a dans l'air de ces pages quelque chose d'essentiel. Comment vivre quand on porte en soi un moi assassin. Telle est la question qui pourrait résumer l'existence des sept femmes dont Lydie Salvayre dresse le portrait dans ce qui est autant une déclaration d'admiration que d'affection. Car Lydie Salvayre a grandi en compagnie de ces spectres, leurs écrits ont façonné la femme qu'elle est, ont fécondé son oeuvre. " Heathcliff c'est moi. Sa nature est la mienne. Révélation. Du coup je me coiffe à la diable. Je fais la gueule. Je traumatise mes camarades de classe en déclarant que Gilbert Cesbron. c'est de la merde. " Lydie Salvayre est adolescente lorsqu'elle est brûlée du feu d'Emily Brontë. Aujourd'hui, psychiatre et romancière reconnue, elle a replongé, comme un saut dans le vide, dans les écrits des auteures qui lui avaient apporté, au fil des années, un supplément d'existence. Dans un va-et-vient entre leur biographie et leur oeuvre, elle construit non pas des tombeaux, mais des odes à Emily Brontë donc, mais aussi à Marina Tsvetaeva, Virginia Woolf, Colette, Sylvia Plath, Ingeborg Bachmann et Djuna Barnes. Cherchez l'erreur. Colette et son approbation à la vie, Colette dont le côté popote insupporte parfois Salvayre, Colette écrivaine des éclosions, de la naissance du jour et des premiers bourgeons. Mais que fait Colette dans cette vallée de larmes. Sa pulsion de vie surgit comme un antidote au désenchantement de l'auteure les jours de demi-brume. Et puis Colette, comme toutes ces autres héroïnes tragiques, a dû batailler pour avoir le droit d'exister dans un monde où les lettres se conjuguent au masculin. Car c'est de cela qu'il s'agit. Ecrire, quand on est une femme et qu'on est peu prédisposée aux ouvrages de dames. Ecrire, disent-elles, " ces "sept folles". Pour qui vivre ne suffit pas. Manger, dormir et coudre des boutons, serait-ce là toute la vie. se demandent-elles. Qui suivent aveuglément un appel. Mais de qui, mais de quoi. s'interroge Woolf. Sept allumées pour qui écrire est toute la vie. " Alors, elles bataillent avec des armes inégales. L'amour comme hypothèse de survie. Toutes s'y adonnent sans retenue dans les bras d'hommes ou de femmes, qu'importe. Sylvia Plath espère trouver l'apaisement à sa détresse auprès du colosse Ted Hughes, Virginia Woolf laisse à Leonard la plus belle des déclarations, avant de disparaître des cailloux plein les poches, Tsvetaeva, amoureuse-née, s'enflamme vingt-six fois et déchante vingt-cinq, Ingeborg Bachmann veut croire que sa passion pour le poète Celan lui apportera la lumière. Mais la voix qui leur murmure d'écrire est la plus forte. Tantôt, touchées par la grâce, elles marchent sur l'eau, et tantôt elles s'y noient après avoir souffert comme des bêtes. Derrière ces " 7 Femmes " se dessine l'ombre de Lydie Salvayre, romancière si peu sûre d'elle-même. Il y a dans les confidences qu'elle essaime le sentiment d'une fragilité, d'une plume elle aussi sans cesse au bord du précipice, et ce n'est pas le moins émouvant. Olivia de Lamberterie